Le 17 mai 2020

#avecVous [épisode 16] – Olivier, professeur de secondaire

Cette vidéo a été enregistrée le 5 mai 2020

Olivier, prof – crédit : Centre Avec

Franchement, je n’aimerais pas être à leur place. S’ils donnent du travail à nos enfants, on leur reproche de donner du travail à nos enfants. Et s’ils ne donnent pas de travail à nos enfants, on leur reproche de ne pas donner de travail à nos enfants. Si les classes demeurent fermées, on trouve cela scandaleux. Et si les écoles rouvrent, on insiste pour ne pas être contraints à y déposer nos petits chérubins. 

En un sens, ce confinement ne fait qu’accentuer certains traits. Certaines caricatures. Celles dont les enseignants font si souvent l’objet. Parce que nous avons été à l’école, nous croyons parfaitement connaitre les rouages du système scolaire. Parce que nous avons réussi des examens de français ou de math, nous nous pensons aptes à enseigner ces matières. Parce qu’ils ne sont devant leurs élèves que durant une vingtaine d’heures par semaine, nous imaginons qu’ils sont devant leur télé le reste du temps.

Sans doute les enseignants sont-ils les réceptacles de nos frustrations. De nos angoisses. De nos paradoxes aussi : nous les critiquons mais nous leur confions ce que nous avons de plus précieux. Et sans doute est-ce parce que nous leur confions ce que nous avons de plus précieux que nous les critiquons. 

Sans doute les enseignants sont-ils à peu près comme nous. Ce sont des citoyens engagés, critiques, inquiets, sensibles aux injustices… Il est probable qu’il y a parmi eux une même proportion de passionnés et de paresseux qu’au sein de la population. Le confinement ne fait que mettre les choses en relief. Car il est plus difficile de se cacher derrière un écran que derrière un bulletin. 

Au cours des dernières semaines, des milliers de profs passionnés ont pris soin de leurs élèves. Ils ont apprivoisé de nouveaux outils, ont testé de nouvelles méthodes. Ils ont travaillé de jour comme de nuit, ont stressé bien davantage que les enfants. Parce qu’ils sont habités par le désir de les faire grandir. Parce qu’on peut aimer en enseignant. 

Vincent Delcorps