Le 06 décembre 2022

Herman Van Rompuy : L’Europe face à une crise permanente

Né à Etterbeek (Bruxelles) en 1948, Herman Van Rompuy suit ses humanités au collège jésuite Sint-Jan Berchmans. Diplômé d’un bachelier en philosophie et d’un doctorat en économie à la KU Leuven, il a notamment été Président national du CVP (Christelijke Volkspartij) de 1988 à 1993, ministre du Budget de 1993 à 1999, Président de la Chambre des représentants de 2007 à 2008 et Premier ministre de 2008 à 2009. En 2009, il devient le premier Président permanent du Conseil européen, nouvelle fonction créée par le traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre 2009. C’est donc lui qui en façonnera le costume. Il sera réélu (à l’unanimité des chefs d’États et de gouvernements) le 1er mars 2012, jusqu’au 1er décembre 2014. Surnommé « l’horloger des compromis impossibles », les talents de négociateur, de médiateur et de facilitateur de Herman Van Rompuy sont largement reconnus par ses pairs. Cette personnalité au parcours politique impressionnant n’en demeure pas moins un homme simple, modeste, voire réservé. Chrétien humaniste, européen convaincu, éternel optimiste, il décrit son engagement comme une recherche constante de « l’équilibre entre le réalisme politique et l’idéalisme éthique ». Pour la revue En Question, il partage sa vision de l’Union européenne (UE) et des défis auxquels elle est confrontée, dans un contexte de « crise permanente » depuis 2008.

Quel regard portez-vous sur la succession accélérée de crises que nous vivons et quels défis principaux identifiez-vous pour l’Union européenne (UE) ?

Depuis 2008, nous faisons face à un crise permanente (permacrisis[1]). Elle a commencé avec la crise financière et la crise de la zone euro, puis nous avons connu le terrorisme, une crise migratoire, la pandémie du covid, et désormais la guerre en Ukraine, l’hyperinflation, une crise sociale, une récession économique… avec, en parallèle, des désastres climatiques (sécheresses, inondations, incendies, etc.). À l’analyse, je ne vois pratiquement aucun lien entre ces crises, mais je constate qu’elles renforcent toutes un sentiment de peur, d’anxiété et d’insécurité très ancré dans notre société. Pourtant, la plupart de ces crises proviennent de l’extérieur de l’UE : la crise financière, le terrorisme, les migrations, la guerre, le covid, etc. Il faut toutefois reconnaître que ces crises révèlent des faiblesses sous-jacentes dans l’UE.

Un autre enseignement, c’est que la plupart de ces crises nécessitent une réponse européenne. Un État seul ne peut pas les affronter, les contrôler ou les juguler. Cela ne veut pas dire que les États nationaux n’ont plus aucune responsabilité ; l’UE n’est d’ailleurs pas compétente dans tous les domaines. Mais, dans la plupart des cas, une approche européenne s’impose. De plus en plus de gens en sont conscients et on entend de moins en moins de volontés de claquer la porte de l’UE. Même en Italie, le nouveau gouvernement populiste de Giorgia Meloni a tout de suite précisé ne pas vouloir quitter l’UE ni la zone euro. Qu’on l’aime ou pas, l’Europe est devenue une nécessité.

crédit : wikicommon

Dans la tempête de ces crises, les institutions et dirigeants européens sont-ils à même de construire une vision politique à long terme, de penser les transformations fondamentales tout en gérant les urgences ?

C’est un grand défi. On y est parvenu plusieurs fois, mais pas toujours. Il faut trouver l’équilibre entre la gestion de crise à court terme (crisis management) qui pare au plus pressé et, en même temps, une approche à plus long terme pour faire en sorte qu’une crise ne se reproduise pas. Ce n’est pas évident de jouer sur les deux tableaux, mais c’est indispensable. Analysons différents cas.

Durant la crise bancaire, il y a eu une coopération européenne, de même qu’au niveau du G20, mais on n’a pas trouvé de réponse structurelle, ni au niveau européen ni au niveau mondial. Au sein de l’UE, il a fallu trois ans pour trouver un accord sur une union bancaire et une législation, pourtant prudente, sur la surveillance des banques de la zone euro.

Durant la crise de la zone euro, on a renforcé la surveillance budgétaire, via des amendements au Pacte de stabilité et de croissance (PSC). Cette décision est cependant encore aujourd’hui controversée, car beaucoup estiment qu’on a trop misé sur la rigueur budgétaire. En outre, la Banque centrale européenne (BCE) a découvert qu’elle pouvait jouer un rôle politique en matière économique et monétaire de nature à recréer la confiance. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un changement structurel – il n’a d’ailleurs pas fallu modifier les traités – mais plutôt de politiques à court terme qui ont eu de l’influence à long terme.

La crise migratoire, c’est surtout une crise de la zone Schengen. Les États membres n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une politique commune d’asile et d’immigration, hormis le contrôle extérieur des frontières, par le renforcement de Frontex (ndlr : l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes).

Au début de la crise du covid, beaucoup se sont demandé « où est l’Europe ? », mais l’UE n’est pas compétente en matière de santé… L’Europe n’est pas un super-État. Il a donc fallu trouver des points d’accord entre gouvernements, par exemple sur l’achat groupé de vaccins ou sur le plan de relance. Ce dernier est un bon exemple qui montre comment l’UE peut gérer une crise à court terme et en même temps envisager le long terme. En effet, il ne s’agit pas d’une politique classique de relance de l’économie, mais bien d’un véritable plan d’investissement dans la transition écologique et numérique. Je crois que la crise énergétique que nous vivons actuellement amènera aussi à des changements structurels, car on se rend bien compte des effets pervers du système actuel.

En résumé, au niveau européen, la zone euro, la zone Schengen et certaines parties de la politique énergétique – qui relève surtout de la compétence nationale – avaient été pensées pour des situations normales, pas pour faire face à des crises. Pour mieux protéger la population en cas de crise, cela nécessite donc de toucher à des piliers importants de l’UE.

Le mot « confiance » revient souvent dans vos discours, en particulier dans ceux que vous avez prononcés en tant que Président du Conseil européen. Avec du recul, comment évaluez-vous la confiance au sein de l’UE et entre les institutions européennes et les citoyens ?

On vit une période de très grande individualisation. C’est un mouvement long, qui a commencé avec la Renaissance et qui s’est renforcé au fil du temps, à travers les évolutions technologiques, comme récemment la télévision, internet et les réseaux sociaux. Or, une individualisation trop forte crée nécessairement des peurs, des anxiétés, des incertitudes et de la méfiance. Les personnes livrées à elles-mêmes sont davantage préoccupées par leurs problèmes personnels, par la question du sens de leur propre vie… Et quand on est plongé dans une crise permanente, ces questions deviennent particulièrement criantes. C’est une tendance qui renforce le sentiment de méfiance, par rapport aux institutions, à toute forme d’autorité, à des forces qu’on ne maîtrise pas, comme les marchés financiers, et aux autres, en particulier ceux qui viennent de l’extérieur, « les autres qui sont autres », comme les immigrés, les demandeurs d’asile, etc. Mais cette méfiance dépasse les étrangers, elle concerne aussi les proches, qui vivent autour de nous…

L’UE est concernée par cette méfiance, mais les gouvernements nationaux et régionaux aussi. Il y a un sentiment généralisé d’aliénation. Donc, quand on parle de méfiance au sein de l’UE, il faut voir en arrière-fond une méfiance intrinsèque au mode de vie de notre civilisation. Ce n’est pas une excuse, c’est une explication.

Ceci étant dit, je trouve que le simple fait qu’on soit parvenu à surmonter la plupart des crises montre qu’il demeure toujours une volonté commune de coopérer, de travailler, de réfléchir ensemble. Est-ce que cela peut se faire sans confiance ? Non. Est-ce que c’est facile ? Non. Mais ce n’est pas seulement le cas au niveau européen ; regardez en Belgique comme il est difficile de trouver des accords politiques… L’UE n’est pas une entité abstraite qui plane au-dessus des États membres, c’est aussi et surtout l’addition de ses États membres. Quand le Conseil européen (ndlr : qui rassemble les chefs d’États et de gouvernements) se réunit, c’est avec l’objectif de transcender les problèmes nationaux. Ce n’est possible que quand les gouvernements se rendent compte que pour résoudre un problème national il faut une action européenne. Jusqu’à présent, il y a eu suffisamment de confiance entre les États membres pour trouver des réponses aux crises, même si cela nécessite parfois plusieurs – longues – réunions.

Dans un monde globalisé et financiarisé, beaucoup de citoyens ont le sentiment que leur voix ne compte pas, alors que certaines élites économiques exercent une influence politique importante. Comment l’UE peut-elle rééquilibrer cette tendance et réinsuffler de la confiance ?

Comme souvent, ma réponse sera nuancée. Un premier élément, c’est que les électeurs votent pour des dirigeants nationaux, pas européens (ndlr : hormis les membres du Parlement européen, mais selon des circonscriptions (infra)nationales), et encore moins mondiaux. Le vote du citoyen porte sur un niveau de pouvoir qui n’est manifestement plus apte à régler un grand nombre de problèmes. Il s’agit donc d’une forme d’aliénation structurelle, qui est une source de frustration.

Alors, comment faire pour que les citoyens gagnent en influence ? C’est un équilibre très difficile à trouver. La pire des solutions serait de retourner aux États-nationaux, en supprimant tous les niveaux supérieurs, et de se refermer, vivre « entre-soi », sans capacité de régler les grands problèmes de notre temps. Le Brexit, par exemple, était une illusion totale, avec son slogan « to get back control » (ndlr : « reprendre le contrôle »). La Grande-Bretagne, soi-disant libérée de la contrainte européenne, est désormais prisonnière des marchés financiers. Les Britanniques découvrent que le Brexit induit en fait une perte de contrôle sur les mouvements de capitaux. Un gouvernement national, même d’un pays de la taille de la Grande-Bretagne, n’a que peu d’emprise sur des enjeux qui sont globaux. On ne peut pas se passer de l’Europe, même si l’Europe est plus lointaine que le niveau local, régional ou national. C’est une situation propre au monde dans lequel on vit.

Une autre méthode pour améliorer la confiance est de se focaliser sur le résultat. Beaucoup de gens ne se sentent pas suffisamment protégés contre des dangers, réels ou perçus comme tels : chômage,  emplois précaires, changement climatique, immigration massive, terrorisme, menaces militaires, inégalités croissantes, baisse du pouvoir d’achat… La liste est longue. Il faut donc un effort de tous les niveaux de pouvoir pour que les citoyens se sentent effectivement protégés et ainsi retrouver un certain niveau de confiance.

Les marchés financiers sont mondiaux. L’UE a donc créé une union bancaire qui permet, même si elle est loin d’être parfaite, de surveiller davantage ces marchés financiers. Par rapport aux grandes entreprises multinationales, là aussi un effort est fait, en particulier vis-à-vis des géants du numérique. S’il y a bien une entité dans le monde qui essaie de protéger la vie privée, de protéger contre la désinformation, etc., c’est bien l’UE, avec le Single Market Act, le Digital Services Act, le RGPD (Règlement général sur la protection des données), etc. Mais cela n’empêche qu’il y ait toujours des aberrations… Qu’un seul homme comme Elon Musk puisse accaparer Twitter, c’est aberrant ! Depuis la révolution industrielle, on n’a jamais vu une telle concentration du pouvoir économique et numérique qu’aujourd’hui. Les Américains portent une lourde responsabilité à cet égard.

Bruxelles n’est pas à l’abri du lobbying des grandes entreprises multinationales…

Bien sûr, le lobbying a augmenté à Bruxelles, parce que l’UE est devenue plus puissante. Mais par rapport au Congrès américain, le Parlement européen est plutôt bien protégé contre le trafic d’influence. On a beaucoup réglementé le lobbying au niveau européen : il faut s’enregistrer, même pour un simple rendez-vous avec un fonctionnaire, un commissaire ou un parlementaire, afin d’en assurer le suivi et d’éventuellement déceler un trafic d’influence. Personnellement, je n’ai jamais subi de lobbying. Les lobbyistes ne venaient pas à moi ; je crois qu’ils savaient bien que ça ne servirait à rien…

Ne faudrait-il pas aussi revoir le fonctionnement politico-institutionnel de l’UE pour renforcer la démocratie européenne ?

J’ai participé de manière indirecte à la Conférence pour l’avenir de l’Europe (2021-2022), où le thème principal était la démocratie européenne[2]. Il y a eu beaucoup de bonnes idées pour développer la démocratie participative et délibérative tout en respectant la démocratie représentative. Bien sûr, le niveau local s’y prête mieux, mais il est important de mener ce genre de réflexion au niveau européen, pour rendre les décisions européennes plus proches des citoyens. La Conférence a été un bel exemple de démocratie participative, et ce n’est que le début d’un processus. Il faut créer des « écoles de la démocratie », nourrir ce sentiment si important qu’on peut vivre ensemble, travailler ensemble, prendre des décisions ensemble…

L’Union européenne est-elle au service du bien commun ?

C’est par excellence le cas avec le climat, qui est un bien commun mondial et qui nécessite donc une gouvernance mondiale. Les COP de Paris et de Glasgow montrent qu’entre 190 pays, il peut y avoir un dialogue et une prise de décisions, même si la mise en œuvre de celles-ci dépend de chaque pays. L’effort fait à Paris en 2015 et à Glasgow en 2021 est en soi remarquable. Il y a une réelle prise de conscience qu’on est tous dans la même tempête… même si on n’est pas tous dans le même bateau. C’est pourquoi, il faut redoubler d’efforts pour, d’une part, réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et, d’autre part, aider les pays pauvres qui ne sont pas à même de financer toute cette transition écologique.

Sans être trop idéaliste, quand je vois comment fonctionne le système multilatéral, qui est en panne – au Conseil de Sécurité de l’ONU, à l’OMC, au G20, etc. –, les COP me donnent de l’espoir. Derrière tout ce processus, il y a de plus en plus cette idée que la planète est un bien commun, en lien avec le principe de la destination universelle des biens. Il faut toujours des crises et des catastrophes pour s’en rendre compte, c’est très humain. L’enjeu, c’est de saisir l’occasion.

L’UE prend-elle bien en compte le critère de la justice sociale ?

Le problème, c’est que l’UE n’a pratiquement aucune compétence sociale. Dans le budget européen 2014-2020 sur lequel j’ai travaillé durant ma présidence du Conseil européen, je me suis battu pour conserver le paquet d’aide aux plus démunis, parce que plusieurs États membres, surtout ceux du Nord, voulaient le supprimer, avec l’argument que ce n’était pas une compétence de l’UE – ce qui est vrai, mais si les États membres veulent faire quelques choses en commun, ils peuvent toujours le faire (à l’unanimité).

Un autre aspect, ce sont les fonds structurels pour davantage de convergence au sein de l’UE, en termes économiques et de bien-être. Cela a bien marché pour la plupart des États d’Europe centrale et orientale, comme la Pologne. La solidarité est très présente aussi dans le fonds de relance NextGenerationEU de 750 milliards d’euros qui bénéficie davantage aux pays qui ont subi plus gravement la crise du covid. Et pour la crise de l’énergie, ce genre d’instruments est sur la table européenne. Toutefois, c’est une solidarité entre régions plutôt qu’entres personnes, car les compétences liées aux personnes dépendent des États membres.

En 2012, l’Union européenne a reçu le prix Nobel de la Paix en récompense pour 60 ans de paix. Aujourd’hui, la guerre est aux portes de l’Europe et l’extrême droite monte au sein de plusieurs pays membres européens. L’Europe est-elle encore garante de la paix ?

Oui, les faits le prouvent. Il n’y a pas eu de guerre au sein de l’UE depuis la Deuxième Guerre mondiale et le début de l’unification européenne (ndlr : avec le lancement de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951). Or, la paix, c’est d’abord l’absence de la guerre. Durant toute ma vie, je n’ai jamais eu peur de la guerre ; c’est une chance immense. Donc, bien sûr, l’UE est garante de la paix. C’est pour cela qu’on a beaucoup investi dans les pays des Balkans occidentaux, qui ont connu la guerre jusqu’en 1995, pour qu’ils puissent être liés à l’UE ou en devenir membres, et ainsi tourner la page de la guerre. De même, l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie savent très bien que s’ils deviennent membres de l’UE, avec tous les mécanismes de protection qui en découlent (par exemple, l’obligation de soutenir un État membre attaqué de l’extérieur), ils n’auront plus la guerre. C’est une garantie de paix.

Le populisme contribue à un climat d’agressivité mais ce n’est pas la guerre. Par exemple, l’Italie, avec le gouvernement populiste de 2018 (ndlr : coalition entre les populistes du Mouvement 5 étoiles et l’extrême droite de la Ligue du Nord), n’était pas en guerre – même si je n’aime pas ce qu’ils ont fait, en particulier en matière d’asile et d’immigration. Mais bien sûr, il faut combattre toutes formes de résurgence du nationalisme. François Mitterrand avait raison quand il disait « le nationalisme, c’est la guerre ». C’est le début de la guerre. Donc il faut se méfier des populistes nationalistes. Je ne vois cependant pas de danger de guerre civile européenne.

Vous êtes un éternel optimiste… Quels signes d’espoir observez-vous au sein de l’UE ?

Là où je vois de l’espoir, c’est quand l’UE, malgré toutes les difficultés internes, tombe d’accord, lors de grandes crises. J’ai vécu cela durant la crise de la zone euro, où toute la presse anglo-saxonne disait que la zone euro allait disparaître… la question était de savoir quand, avant ou après Noël 2012. Par la suite, cette question ne s’est plus jamais posée. Je m’en réjouis.

Un autre signe d’espoir, c’est que, malgré l’individualisation de notre société, je vois chaque jour des démonstrations de solidarité. Ainsi, lors des vaccinations contre le covid, où j’ai été frappé par le nombre de volontaires, extrêmement gentils, que j’ai rencontrés. Ainsi, lors des inondations catastrophiques de 2021 en Wallonie, où beaucoup de Flamands ont apporté leur aide, soit en prêtant main-forte sur le terrain, soit en accueillant des enfants ou des familles le temps de se reconstruire. Sans parler des nombreux exemples de solidarité dans la vie de tous les jours… Cela me rend confiant et cela me fait du bien. Je reste malgré tout un homme d’espoir.


[1] Fabian Zuleeg, Janis A. Emmanouilidis et Ricardo Borges de Castro, « Europe in the age of permacrisis », commentaire, European Policy Centre, 11 mars 2021.

[2] « Conférence sur l’avenir de l’Europe », sur le site web officiel de l’Union européenne(https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/new-push-european-democracy/conference-future-europe_fr).