En Question n°133 - juin 2020

Les jésuites et les pauvres. XVIe-XXIe siècles

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Les jésuites, un ordre pour les élites ? Cette question est le point de départ d’Étienne Grieu. Explorant l’histoire, les textes et les hommes, l’auteur mène l’enquête. Le titre de son ouvrage témoigne aussi de son désir : Grieu entend montrer que le souci des pauvres fait bien partie de l’histoire – et de l’ADN – de la Compagnie de Jésus.

C’est manifeste : Ignace et ses premiers compagnons sont proches des malades et des pauvres. Ils ne les considèrent d’ailleurs pas comme objets de charité mais comme véritables sujets – ce sera là un trait récurrent. Les premiers jésuites, qui adoptent eux-mêmes un style de vie précaire, sont aussi aux côtés des prisonniers, des prostituées, des « enfants et des ignorants ». À tous, ils apportent secours matériel et spirituel.

Sensibles à la notion de bien commun, les jésuites ne se contentent pas d’être dans la relation interpersonnelle. Ils s’intéressent au droit, à l’organisation des sociétés, à la place du bien commun. Dans la foulée de Rerum Novarum (1891), ils se préoccupent de la condition ouvrière. Ils se distinguent notamment par un travail de réflexion et d’accompagnement. En 1975, les jésuites se donnent un nouveau credo : la promotion de la justice devient une exigence absolue du service de la foi. Credo dont l’auteur s’estime néanmoins incapable de dire s’il « fait partie de la conscience vive des jésuites aujourd’hui »…

L’auteur articule avec beaucoup de fécondité approche chronologique, découpages thématiques et présentation de grands témoins. Son ouvrage est une magnifique et très originale relecture de l’histoire de la Compagnie.

VD