Le 05 octobre 2023

« Laudate Deum », la nouvelle exhortation apostolique du pape François sur la crise écologique

Couverture de l'épingle

Huit ans après la publication de son encyclique Laudato si’ nous invitant à la conversion à l’écologie intégrale, le Pape signe une nouvelle exhortation apostolique sur la crise climatique. Laudate Deum (Louez Dieu) s’inscrit dans la droite ligne de Laudato si’. Le document diffère cependant sur plusieurs points, qui ne peuvent que nous encourager à le lire, le travailler et le faire connaitre largement : il est d’abord beaucoup plus court et synthétique, tout en étant complet sur les enjeux ; il est aussi très bien structuré et fort pédagogique – cela en facilite la lecture.

Le Pape insiste, encore et encore : il y a urgence ! Il nous exhorte à la lucidité : « Nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture » (§2). Aussi, « en matière de climat, certains facteurs perdurent longtemps, indépendamment des faits qui les ont déclenchés. C’est pourquoi nous ne pouvons plus arrêter les énormes dégâts que nous avons causés. Nous avons juste le temps d’éviter des dégâts encore plus dramatiques »(§16). Il n’y va pas par quatre chemins, comme ici : « Nous devons cesser de sembler être conscients du problème, mais n’ayant pas, dans le même temps, le courage de faire des changements substantiels » (§56) ou là : « Malheureusement, la crise climatique n’est pas vraiment un sujet d’intérêt pour les grandes puissances économiques soucieuses du plus grand profit au moindre coût et dans les plus bref délais possibles » (§13).

Le texte est éminemment politique. On y trouve un appel à la communauté internationale à reconfigurer le multilatéralisme « à la lumière de la nouvelle situation mondiale » (§37), ou un appel aux citoyens à exercer un contrôle sur le pouvoir politique (§38), mais aussi un survol historique de ce que les Conférences des Parties (les COP) ont permis d’engranger, ou pas, comme accords. À quelques semaines de la COP 28 qui aura lieu aux Émirats Arabes Unis, l’exhortation est très claire : « Si l’on veut sincèrement que la COP 28 soit historique, qu’elle nous honore et nous ennoblisse en tant qu’être humain, on ne peut qu’attendre des formes contraignantes de transition énergétique qui présentent trois caractéristiques : efficaces, contraignantes et facilement contrôlables » (§59).

Grandes puissances économiques, pouvoir politique : les responsabilités sont pointées. « Il faut être sincère et reconnaitre que les solutions les plus efficaces ne viendront pas seulement d’efforts individuels, mais avant tout des grandes décisions de politique nationale et internationale » (§69). Toutefois, François rappelle « qu’il n’y a pas de changement durable sans changement culturel, sans maturation du mode de vie et des convictions des sociétés, et il n’y a pas de changement culturel sans changement chez les personnes » (§70).

Comme dans Laudato si’ (§160), on trouve au cœur de l’exhortation des questions existentielles : « la question du sens se pose : quel est le sens de ma vie, quel est le sens de mon passage sur cette terre, quel est le sens, en définitive, de mon travail et de mes efforts ? » (§33). « Il ne nous est rien demandé de plus qu’une certaine responsabilité face à l’héritage que nous laisserons de notre passage en ce monde » (§18).

Des questionnements essentiels, que nous vous encourageons à prendre à cœur. Au Centre Avec, nous continuerons à prendre à cœur cette question du sens et de l’engagement dans nos analyses et nos articles, mais aussi nos événements et nos conférences !

Claire Brandeleer

Pour lire Laudate Deum